PRIOR to [JEAN-BAPTISTE COLBERT DE CROISSY, MARQUIS DE TORCY], 24 March/4 April 1712, London
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1712.0404.Fa
De Londres ce 24 Ma[/]4 Auril1
1712Monsieur.
Par des2 discours que j'ay eu l'hon
neur de tenir tant avec My Lord
Tresorier qu'avec Monsr St Johns
Je trouve qu'on s'explique par ce
Courrier d'une maniere si ouverte
sur le grand Article de la Succession
que de le laisser nullement douteux
si Nous aurons la paix, ou serons
enfoncés de nouveau dans la
Guerre: Je n'ajoute aux lettres
que Vous recevez de mes Superieurs
que ce qui dit la voix generale
ici, c'est que, comme l'esperance
de la Negociation etoit fondée
sur le dessein d'empecher l'vnion
des3 deux Couronnes, il nous
paroit impossible d'y avancer
le moindre pas, au moins que
nous n'en ayons toutes les
assurances dont la chose soit
capable, et que la disposition
de cette grande affaire soit mise
en telle maniere que de pouvoir
produire d'elle même l'evene
ment qu'on s'y propose
Nous avons toujours conté que l'es
perance de la Negociation a ete
mis sur ce dessein la, et nous
contons à cette heure que la
France le rendra effectif;
Souffrez, Monsieur, que Je vous
dise, en toute humilité mais
avec toute la liberté que Vous
m'avez toujours permise qu'au
moins que Nous puissions assurer
et nos peuples, et nos Parle
mens, et nos alliez de cette
verité incontestable il ne
[s]era4 plus en nôtre pouvoir d'y passer
outre: Je le laisser à la penetra
tion de vôtre Esprit de reflechir
si une affaire de cette grande
[c]onsequence ne recule le moment
qu'elle cesse d'avancer J'espère
Monsieur, que Vous allez prendre
des mesures convenables à ce
grand ouvrage, afin que toutes
les bonnes dispositions dont Vous
paroissez vous même, Monsieur,
[é]tre5 pleinement satisfait ne
demeurent tout à fait in
fructueuses.
Apres que cette grande difficulté
sera levée il n'y aura rien
à craindre de ces demandes moins
[e]ssentielles dont vous parlez
des à present même on ua6 les
eviter: celle des papiers du Car
dinal de Bouillon n'etoit au fonds
qu'un complement fait à ce Prince
par nos Plenipotentiaires, et qui
ne meritoit qu'un honête refus
des Votres: Vous scavez bien
Monsieur, combien de chose il y
a7 qu'on propose par maniere
d'acquite, J'espere que Nous en
aurons de vôtre côte avant
la fin de la Negociation
Il y a pourtant un Ecclesiastiqu[e]
pour lequel nous nous interessons
beaucoup, c'est l'associé Gaultier
j'obeïs avec beaucoup de Joye
aux ordres de mes Superieurs
quand Je Vous rens graces en
leur nom sur les derniers effets
de vôtre bienveillance envers luy,
comblez ses souhaïts, Je vous en
prie, Monsieur, en luy donnant
des ordres les plus prompts et
effectifs pour faciliter la paix
Au reste, Monsieur, vous aurez la
bonté de me pardonnez d'une
lettre trop diffuse et mal digerée
on se sert à la doüanne de Londres
d'un tout autre language qu'on
n'ecrit à un des premiers Minis
tres de la France: faites moi
pourtant, Monsieur, la justice de
croire que Je souhaite de fonds
de mon ame, quelque imparfait
ement que ma langue l'exprime,
que la santé mutuelle de nos
deux Souverains se preserue de
longues annees, et que la tranquili[té]
publique soit bientôt retablie
entre les deux Nations. donnez
y la derniere main, Monsieur,8
rien ne sauroit plus confirmer9
la grande reputation que Vous
vous etes dejà acquise par
toute l'Europe, et10 particulierem[en]t
dans ce royaume, ou quoyque J[e]
sois un de moindres des hommes
j'ay l'ambition d'etre plus que
personne, et avec tout le respect d[u]
monde,
Monsieur,
Vôtre tres obeissant
et tres humble Serviteu[r]MPrior.
2.
Endorsed:
M Prior