PRIOR to JEAN-BAPTISTE COLBERT DE CROISSY, MARQUIS DE TORCY, 21 July/1 August 1712, London
Table of contents
1712.0801.Fa
Addressed:
Mons:r de Torcy.
Monsieur/
Apres vous avoir rendu mes tres
humbles graces des lettres du 26me
et 28me dont Vous m'avez honoré,
Je vous assure que Si vox populi
sit Vox Dei tout nom odieux et
toute action offensante seront
à jamais abolies entre les deux
Nations, et nos Souvereins p[a]sse
ront2 le reste de leurs jours dans
le repos que leur pieté meritent.
c'est peu de chose que de Vous
repeter que J'employe tous les
bons offices dont Je suis capable
pour cette fin: et que c'est avec
une veritable joye que Je trouve
que jusques ici tout y a si bien
contribué: et que Vous verrez par
la reponse que Vous font nos
Ministres qu'il3 souhaitent que
tout obstacle à l'heureuse con
clusion de la paix soit immediate
ment ôté. J'entens dire à eux
tous que la voye qui y conduit
c'est de donner par avance assez
de satisfaction au Duc de Savoye
pour l'obliger d'entrer immediat4
ement dans nos interéts communs
et d'accepter la Cessation: et
ils protestent sincerement que
sans celà nous allons retomber
dans des difficultez d'ou on
aura bien de la peine à sortir
la chose étant sur ce pied là
Monsieur, ne Vous faschez pas encore
contre Moi que5 Je vous prie instam
ment de nous renvoyer la Vigne
tout satisfait, si vous avez envie
de faire taire aux trompettes de
nos Guerriers en Flandres, et
aux murmures de nos mal inten
tionez ici, de le rendre possible
à nous autres6 d'avancer un autre
pas, ou en dernier lieu, (chose
digne de la consideration de Mons~
de Torcy) de me voir bientôt
a Paris. serieusement, Monsieur,
la chose parle d'elle même, le
Roy de France, la Reine7 de la G:
Bretagne et le Duc de Savoye d'a
cord, la paix est faite: et pen
dant que c'est entre les mains
des deux de ces Princes d˂˄'˃e˂n˃8 contenter
le troisieme, Je me persuade qu'on
ne balancera pas un moment sur
ce point là: il est bien tems, selon
mon pauvre avis, que quand nos allie[z]9
nous ont abandonnez, ceux qui ont
eté nos Ennemis soient d'accord
avec Nous; et que les Francois, pen
dant que les Hollandois sont
chatiez, ne perdent pas l'occasion
d'en profiter. Vous voyez, Mons:~
de quelle maniere J'ose vous écrire,
prennez vous en à cet exces de
bonté qui m'a dejà accordé trop
de liberté; vous souvenant toujours
que c'est une chose dont un Anglois
en vse quelque fois tres mal: Je suis
avec tout l'attachement et tout le
respect possible,
Monsieur,
Vôtre tres humble et
tres obeissant Ser:rMPrior
2.
Endorsed:
M Prior