JEAN-BAPTISTE COLBERT DE CROISSY, MARQUIS DE TORCY, to PRIOR , [14]/25 September 1712, Versailles
Table of contents
1712.0925.Ta
Addressed:
A M PriorA Versailles le 25e 7bre~ 1712.
En attendant Monsieur que les1
passeports qu'vn me promet pour
aujourdhuy soient prests je vous envoye
le projet en Espagnol, et la traduction
francoise de la renonciation du Roy
d'Espagne. Je croy que quand vous le
lirez, vous trouuerez les obseruations
du Docteur d'Oxford assez jnutiles; Je ne
doute pas cependant que le Roy d'Espagne
ne les admette, parce qu'elles n'adjoutent
rien a ce qu'il veut promettre, et qu'il
promet effectiuement par le projet
dressé a Madrid. Je ne regrette donc
que le tems qu'on perd a demander vn
changement jnutile, dans le tems que
l'acte dressé en forme est aparament
en chemin, et prest d'arriuer icy, et vous
scauez Monsieur si ce tems est précieux.
J'ay adjouté a la marge du proje[t]2
les clauses que vous demandez suïuant
les obseruations du Docteur. Elles
n'embelissent pas la piece, mais l[e]
3.e sur tout la rendroit si obscure, qu[e]
je n'ay pú moy mesme acheuer de
l'ecrire.3 Quand jl n'y auroit que la
raison de cette obscurité, je croy en ver[ité]
qu'elle suffiroit pour supprimer
l'énumeration que l4 on demande de to[us]
les Princes du sang qui peuuent vn j[our]
auoir droit a la Couronne de france.
Mais jl y a encore ce me sembl[e]
vne autre consideration plus
jmportante a faire qui nous regard[e]
vniquement, et qui ne regarde ny
l'Angleterre, ny le reste de l'Europe.
On ne manquera pas de dire que le R[oy]
d'Espagne en nommant, et specifiant
tous les Princes qui pourroient
suiuant leur naissance paruenir
a la Couronne, s arroge en quelque
façon le droit de regler la succession.
Comptez Monsieur qu'il n'en faut pas
d auantage pour susciter des difficultez
lorsqu'il s agira de l'enregistrement
de la renonciation, et que par vne
precaution jnutile, nous essuyerons
encore de nouueaux retardements.˥5
Vne autre reflexion que je fais en
vous ecriuant; si le Roy d'Espagne
nomme tous les Princes qui pourroient
paruenir a la Couronne de france, et
qu'il en fasse l'enumeration sur les
jnstances de l'angleterre, n'aura t'jl
pas lieu 6 de croire que de vôtre consentem.t
mesme, jl pourroit reprendre les
droits de sa naissance, si tous ces Prin[ces]
venoient a manquer sans descenda[nts]
puisqu'il n'auroit renoncé qu'en
faueur de ceux qui seroient nomme[?z]7
dans son acte de renonciation.
Ce n'est pas cependant vôtre jntentio[n]
Car en ce cas, vous n'auriez rien fait con[?tre]
la reunion.
Je crois donc la maniere dont le
Roy d'Espagne s'explique beaucoup
plus forte, et sujete a bien moins
d'jnconvenients, que ne le seroit la
Specification proposée par le Docte[ur]
d'Oxford, et je croy mesme que c'est
par cette raison que je ne compreno[is]
pas son obseruation lorsque je la l[u]
dans vôtre chambre.
Je vous prie de bien representer a
vôtre Cour ce que je vous ecris, et de le
fortiffier encore par de nouuelles
raisons que vous trouuerez mieux
que moy. Dieu punit souuent les
hommes en exaucant leurs voeux
jndiscrets. Ne nous exposons pas a ce
Chatiment, en demandant vne
nouuelle clause qui seroit la source
de nouueaux embarras.
Je receuray donc les ordres du Roy
pour ecrire en Espagne sur les
obseruations faites a Oxford, a l'exception
de la 3e; faites en sorte Monsieur que
M de Lexington ne soit pas chargé
d'en parler; car s il l'obtenoit comme
je n'en doutte pas, jl ne seroit ny de
l'jntereſt du Roy, ny de celuy de
l'Ang.rede la passer
J'ay beaucoup d'jmpatience qu[e]
vôtre santé soit retablie, et de pouu[oir]
vous asseurer que je ſuis plus q[ue]
personne entierement a vous./
Je vous envoye Monsieur vn auis
˂tiré de M d'Audiffret˃8
que j'ay receu d'assez bon endroit, et,
je croy necess.re de vous communiq[er]